Mgr Aziagbia: la synodalité nous exhorte à la co-responsabilité dans la vie de l'Église
Entretien réalisé par Françoise Niamien
Le rideau est désormais tiré sur les travaux du Synode sur la synodalité.
En recevant le Document final, fruit des réflexions de trois années de ce processus synodal, le samedi 26 octobre, le Pape François a remercié les plus de 350 pères et mères synodaux pour leur travail lors de cette deuxième assemblée synodale tenue du 2 octobre au 27 octobre 2024 dans la salle Paul VI au Vatican.
Au nombre des pères synodaux, Mgr Désiré Nongo Aziagbia. Dans un entretien accordé à Vatican News au terme de cette assemblée synodale, l’évêque de Bossangoa et président de la Conférence épiscopale de la République Centrafricaine a indiqué que Ce synode a été une belle occasion de s'asseoir, de se parler et de s'écouter. Nous vous proposons l'intégralité de cet entretien.
Quels sont les sentiments qui vous animent au terme du synode sur la synodalité?
Je suis animé d'un sentiment d’action de grâce. Pendant pratiquement trois ans, nous avons répondu à l’invitation du Pape François de marcher ensemble dans ce processus synodal qui nous a permis de nous écouter, de nous parler et de nous projeter dans l’avenir de notre Église. Nous avons vécu tout le processus synodal dans une très belle ambiance, une ambiance très apaisée. Personnellement, j’ai vécu cette deuxième session avec beaucoup de sérénité.
Que gardez-vous de l'ensemble de ce processus synodal?
Je garde de ce synode sur la synodalité la méthodologie autour de la conversation dans l'esprit, qui permet la circularité de la parole. Cette assemblée synodale nous a permi de nous asseoir, de s'écouter, de se parler, de partager et voir comment, sans faire fi des défis, des difficultés, voir comment on peut construire ensemble. En ce qui me concerne, s'il y a une leçon à retenir du processus synodal, c’est bien celle de la méthodologie. Comment s'asseoir? Comment se parler? Comment s'écouter et construire ensemble, au-delà de nos différences? Elle nous a permis de repondre à toutes ces interrogations.
Cette assemblée synodale, était-elle nécessaire pour la vie de l’Église?
Je dirai oui, c’est un kairos pour l’Église. L'impression que j'ai pu garder dans les échanges que nous avons eus dans les différents ateliers au cours de la deuxième phase de ce processus synodal, c'est comme une nouvelle réception du Concile Vatican II, adaptée aux réalités de notre monde aujourd'hui. Cette assemblée s’est tenue au moment opportun.
Comment être Église ensemble? Comment faire entrer aujourd’hui tous les membres de l’Église: évêques, prêtres, religieux, religieuses, laïcs dans cette dynamique de l’annonce de l’Évangile?
Je pourrai aussi affirmer que ce synode a été l’occasion de répondre à toutes ces interrogations.
Aussi, fondé sur notre identité baptismale, chacun de nous est appelé à s’approprier cette responsabilité de l'annonce de l'Évangile.
Dites-nous, est-ce que toutes les questions de l’Instruimentum laboris ont été abordées?
Les questions affectant la vie de l'Église sont immenses, vastes, innombrables, on ne peut qu'appréhender certains aspects de ces questions-là.
Le thème du synode sur la synodalité nous le rappelle, «marcher ensemble en Eglise, mission, participation, communion». Je pense que l'essentiel de la démarche touche la dimension de l'engagement baptismal de chaque fidèle à la suite du Christ répondant à sa vocation.
En faisant usage du don des charismes reçus, comment il ou elle peut mieux participer à l’annonce de l’Évangile. La dimension de la co-responsabilité est revenue à plusieurs reprises. Et c’est bien cela que je retiens, cette dimension de la co-responsabilité.
Évêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, nous avons tous une responsabilité fondée sur notre dignité baptismale. Comment vivons-nous cette responsabilité au jour le jour dans la franche collaboration, nous nous interrogeons?
Comment expliquez-vous cette dimension de la co-responsabilité?
Une des dimensions de cette co-responsabilité qui a été beaucoup développée lors des travaux du synode, c’est bien celle de la gouvernance de l'Église aujourd'hui. Nous avons des outils à partir du Code du Droit canonique, à partir des textes constitutifs de l'Église, qui donnent des indications, des orientations sur la gestion de l'Église, que ce soit la gestion matérielle, que ce soit la gestion spirituelle et autre. À différents niveaux, à différents degrés, chaque fidèle a une responsabilité, un rôle à jouer. Le laïc, le prêtre, le religieux, la religieuse, l'évêque, chacun a une responsabilité, a un rôle à jouer. Donc comment coordonnons-nous tous ces différents rôles pour que la responsabilité qui incombe à toute l'Église soit vécue dans la transparence, c’est à cela que nous devons travailler.
Que représente ce synode pour l'Église?
C'est un défi que le synode lance à tous les membres de l'Église aujourd'hui, à toutes les parties constituantes de notre Église, prêtres religieux, religieuses, laïcs. Nous devons adapter nos lunettes aux réalités actuelles en termes de co-responsabilité pour que la mission de l'Église ne devienne pas simplement une activité réservée à une certaine catégorie de personnes, mais que tous les fidèles enracinés dans la dignité baptismale se rendent véritablement compte qu'ils sont, responsables de la vie et de l'organisation de leur Église.
Comment se fera la réception du Document final par le Peuple de Dieux en Centrafrique?
Un comité a été mis en place au niveau de la Conférence épiscopale pour accompagner le Peuple de Dieu en République Centrafricaine dans le suivi du processus synodal. Une restitution sera organisée au niveau national et chaque évêque par la suite aura la responsabilité avec l'équipe qu'il a déjà constituée depuis la première phase du synode sur la synodalité, de voir comment véhiculer le message aux quatre coins de son diocèse.
Quel est le message qui découle de ce synode pour l'Église tout entière et particulièrement pour l'Église en Centrafrique?
Partant de la thématique du Synode sur la synodalité, qui est «communion, participation et mission». Je dirai que c'est un programme qui est proposé à l'Église dans le monde, et plus particulièrement au peuple de l'Église de Dieu aujourd'hui en République Centrafricaine.
Nous sommes appelés en réponse à notre vocation de baptisés à mettre en œuvre notre foi dans la communion les uns avec les autres en assumant notre responsabilité dans l'annonce de l'Évangile au milieu de nos frères et sœurs. Et comme le dit saint Pierre, «nous ne devons pas avoir honte ou avoir peur de rendre compte de notre foi», quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvons. À cet effet, nous avons la responsabilité de travailler, de contribuer à l'établissement de la paix dans les cœurs par la réconciliation et le rétablissement de la paix dans notre pays. C'est un défi et, nous avons le devoir de le relever.
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