Une plénière des évêques de France très ouverte
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Les relations entre l’Église en France et l’Église en Afrique, la mission de l’Église en ce temps, et l’accompagnement des personnes victimes d’agressions sexuelles dans l’Église à l’âge adulte: ce sont les trois principaux thèmes sur lesquels vont travailler les évêques de France lors de leur assemblée plénière qui a débuté ce mardi 5 novembre à Lourdes et qui s’achèvera ce dimanche 10 novembre.
Pour Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF) et archevêque de Reims, il faut reprendre «dans une vision plus ample» les nombreux partenariats existant entre les diocèses français et africains. Aujourd’hui, ce n’est plus l’Église de France qui envoie des missionnaires en Afrique mais le contraire. De plus, précise-t-il dans une lettre adressée au Pape François pour présenter les travaux à venir, «les États africains et leurs populations aspirent à d’autres relations avec la France que celles qui ont pu exister jusqu’ici». D’où la présence à Lourdes cette semaine de trois représentants de l’Église africaine, l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, l’archevêque de Kigali, le cardinal Antoine Kambanda, et l’archevêque de Koupéla, Mgr Gabriel Sayaogo.
Concernant la mission de l’Église, la réflexion portera sur l’enseignement catholique, la situation des séminaires, la conclusion des États généraux du patrimoine religieux et sera ponctuée d’intervention des hôtes de cette assemblée, le cardinal Ambongo, de nouveau, mais aussi les mouvements scouts, des responsables des communautés orthodoxes, arméniennes et protestantes.
Sur la question des abus, le président de la CEF regrette que l’accompagnement des personnes victimes d’agressions sexuelles à l’âge adulte ne soit pas encore tout à fait au point. «Il est vraisemblable que nous ne pourrons que faire état de nos travaux» souligne-t-il dans sa lettre au Pape. Seule certitude, la publication d’un document présentant les dispositions en matière d’information sur les plaintes reçues et les procédures, canoniques ou étatiques, en cours.
Mgr Chevtchouk invité d'honneur
Principal invité de cette première journée, l’archevêque-majeur de l’Église gréco-catholique d’Ukraine, Sa Béatitude Sviatoslav Chevtchouk, présenté par l’archevêque de Reims comme «une voix de la conscience européenne». «Vous avez une vive conscience que la résistance opposée par vote peuple à l’invasion a une dimension et une valeur avant tout spirituelle» a déclaré le président de la CEF. Selon lui, ce discernement s’inscrit dans la formation de l’archevêque-majeur de Kiev, mais aussi dans l’histoire de son Église, persécutée à l’époque soviétique mais qui a tenu bon grâce notamment à des figures comme le vénérable André Cheptitsky.
Mgr de Moulins-Beaufort a voulu exprimer le soutien des évêques de France pour la mission personnelle de Mgr Chevtchouk et pour son Église, ainsi que toutes les autres communautés religieuses ou athées. Il a souhaité aussi que «la paix sereine» qui habite le chef de l’Église gréco-catholique ukrainienne malgré la guerre, encourage l’épiscopat français «à persévérer avec calme dans les tempêtes» qu’il traverse parfois.
Dans sa réponse, Mgr Chevtchouk a remercié l’Église de France pour avoir ouvert les cœurs, les maisons et les églises, les paroisses et les monastères à des dizaines d’Ukrainiens qui fuyaient la guerre. Il a exprimé sa reconnaissance «pour l’extraordinaire élan de solidarité» à l’égard des Ukrainiens «qui ne faiblit pas et s’amplifie chaque jour: témoignage d’une solidarité humaine et chrétienne, sociale et humanitaire, diplomatique et informationnelle». Il a ainsi salué tout particulièrement l’Œuvre d’Orient et son directeur Mgr Pascal Gollnisch pour les nombreuses visites en Ukraine, leur travail dévoué et l’aide considérable apporté aux Ukrainiens.
Le chef des gréco-catholiques a expliqué pourquoi les Ukrainiens résistaient autant, en confiant le message des jeunes ukrainiens: «Nous avons la force de résister précisément parce qu’il y a des choses, des valeurs, sans lesquelles la vie perd son sens. Pour nous, ces valeurs sont la dignité et la liberté, et sans elles, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue».
«Je suis un témoin d’espérance parmi vous! a poursuivi Mgr Chevtchouk. L'Ukraine est blessée, mais elle n’est pas vaincue! Elle est fatiguée, mais reste inébranlable et résiliente! L'Ukraine est debout, l'Ukraine se bat, l'Ukraine prie!».
Poursuivant, il a affirmé: «Nous sommes debout parce que des millions de personnes du monde entier prient pour nous et nous soutiennent. Nous combattons parce que le bien et la vérité ont leur propre force divin et – que le mal, le mensonge et la mort n'auront jamais le dernier mot. Nous vivons parce que nous ne sommes pas seuls!».
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