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Victor Setibo, directeur national du Service jésuite pour les réfugiés (JRS) en République Démocratique du Congo. Victor Setibo, directeur national du Service jésuite pour les réfugiés (JRS) en République Démocratique du Congo. 

RDC: entre crise sécuritaire et violences, le JRS apporte soutien et espérance

Depuis plus de trois décennies, la partie est de la République Démocratique du Congo est le théâtre des guerres et conflits, auxquels s’ajoutent les violences basées sur le genre. C’est dans ce contexte dramatique que le Service jésuite pour les réfugiés (JRS) s’engage à «apporter aux victimes un soutien psychosocial et exerce un plaidoyer pour la paix et la réconciliation», tel que l’a souligné le directeur national du JRS dans ce pays, Victor Setibo, aux médias du Vatican.

Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican

Dans le cadre d’un symposium organisé jeudi 7 novembre 2024 par le JRS, en partenariat avec l’ambassade de Grande-Bretagne auprès du Saint-Siège, qui avait pour but de réfléchir sur la situation des violences sexuelles basées sur le genre en zone de conflits, le directeur national du JRS en République Démocratique du Congo (RDC), le congolais Victor Setibo, est intervenu sur l’ampleur de la question des violences basées sur le genre (VBG).

Dans cette région du Congo, où l’escalade des conflits ne cesse de semer misère et désespoir, causant ainsi des déplacements massifs de la population, le Service jésuite pour les réfugiés continue d’assurer sa mission dans un contexte de grande instabilité, qui représente d’ailleurs l’un des défis majeurs auxquels est confrontée cette structure de l’apostolat social de la Compagnie de Jésus dans ce pays. Au cours d’un entretien accordé à Radio Vatican – Vatican News, Victor Setibo a décrit ce contexte qui, selon lui, «devrait attirer l’attention de tout le monde: des gouvernants, des humanitaires, mais aussi de toute la communauté internationale parce que cette situation dure tellement qu'on tend à la normaliser». La population dans l’est de la RDC, qui ne sait plus à quel saint se vouer, «ne demande rien d’autre que la paix», a souligné le directeur national du JRS .

Mr Victor Setibo, directeur national du JRS en République Démocratique du Congo.

L’éducation au respect de la dignité humaine

Le récent Symposium organisé par le Service jésuite pour les réfugiés a été une occasion pour le congolais Victor Setibo de dresser le tableau sombre de la situation de son pays, «considéré comme l’épicentre même des violences sexuelles et violences basées sur le genre en zone de conflits». Au cours de ces assises, des présentations ont eu lieu, et surtout «des appels à l’action à plusieurs niveaux: des humanitaires, des décideurs politiques et des enseignants d’école», en prônant une approche de prévention et réponse. «Et en termes de prévention, l'éducation doit jouer un rôle assez important afin que les générations actuelles ne puissent pas reproduire la même chose, et pour travailler ensemble avec les communautés pour qu'elles soient impliquées dans la lutte et la prévention contre des violences sexuelles et basées sur le genre», a ajouté le directeur national du JRS en RDC.

Par rapport à cette situation dramatique qui dure depuis plus de 30 ans dans l'est du pays, Mr Setibo a souligné que ces conflits, malheureusement, ont causé déjà beaucoup de dégâts, auxquels s’ajoute cette question des violences sexuelles, «utilisées comme arme de guerre». En effet, a-t-il expliqué, «quand on viole les femmes, ce ne sont pas seulement des individus qui sont touchés, mais c’est toute la communauté qui est affectée». Et les conséquences sont très graves, a renchéri le directeur congolais car, d’une part, «ces femmes-là sont stigmatisées, rejetées par la famille, par les proches, et même par leur mari», et d’autre part, «cette situation dure tellement qu’elle devient normale».


Sensibilisation comme prévention et assistance sociale comme réponse face aux violences basées sur le genre

Dans l’est de la République Démocratique du Congo, les victimes de tels actes ont été au moins 25 000 en 2023, selon le rapport de Médecins sans frontières qui souligne leur augmentation «massive» par rapport aux années précédentes. Pour venir en aide à ces victimes, le JRS organise des programmes en termes de prévention et de réponse à Goma (Est), puisqu’avec la crise sécuritaire due aux attaques récurrentes du M23, «cette situation a drainé beaucoup des gens autour et dans cette ville, où ils veulent trouver refuge». Pour la prévention, a expliqué Victor Setibo, «c'est essentiellement des sensibilisations que nous faisons, mais nous organisons aussi certaines formations au niveau des écoles». A Masisi, où les communautés sont davantage impliquées dans la question des VBG, a-t-il poursuivi, «nous avons un programme de masculinité positive, qui vise à sensibiliser surtout les hommes parce que combattre les violences sexuelles basées sur le genre, c'est surtout une question qui doit impliquer tout le monde, particulièrement les hommes».

Et en termes de réponse, le directeur national du JRS en République Démocratique du Congo a indiqué que les membres du Service jésuite pour les réfugiés apportent une grande assistance sociale à la population affligée. De façon concrète, a-t-il renchéri, «nous nous référons à certaines structures sanitaires qui existent parce qu'après les viols, il faut une prise en charge immédiate. Nous assurons également un suivi psychosocial et apportons notre aide en vue d’ une réintégration socio-économique de ces personnes en termes d'activités génératrices de revenus».


La crise sécuritaire, un obstacle majeur à la mission du JRS en République Démocratique du Congo

Basé dans la partie est de la RDC, une zone que nous savons de grande instabilité où les guerres et conflits ne cessent de s'accentuer, le directeur national du JRS a mentionné la crise sécuritaire comme «premier grand défi» auquel est confronté cet apostolat social de la Compagnie de Jésus. «C'est une zone tellement instable que tout peut arriver, et à tout moment», a-t-il expliqué en ajoutant qu’il difficile de programmer de manière linéaire des activités dans cette zone. «Il y a des activités qu'il faut annuler parfois parce qu'il y a un affrontement ici et là, et vous ne savez pas y aller pour apporter votre soutien aux populations affectées. Et donc, la question sécuritaire touche tout le monde, surtout à cause de la très grande prolifération d'armes incontrôlée, qui ne permet pas d'être vraiment proche de cette population».

Par ailleurs, un autre défi qu’a évoqué ce directeur est le manque de ressources suffisantes, «pour financer les programmes que nous organisons et accompagner aussi bien les réfugiés que les victimes des violences sexuelles». Malgré toutes ces ONG qui travaillent dans la zone est du pays, «aucune ONG n'a la capacité de prendre tout en charge, et les besoins sont encore énormes», a-t-il ajouté.


Un plaidoyer pour la paix et la réconciliation

Parmi ses objectifs, le JRS exerce également des plaidoyers auprès des institutions et organisations internationales pour pousser les pays et gouvernements à prendre leurs responsabilités en main. Dans un contexte où la population ne demande que la paix, Mr Setibo a fait savoir que ces plaidoyers revêtent une importance capitale dans l’est de la RDC. «Nous y travaillons avec l'accord du gouvernement, avec d'autres partenaires et il y a des cadres de concertation avec le gouvernement où les informations sont partagées. Il y a également toute une coordination menée par Ocha, le bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires. C'est un grand plaidoyer pour la paix, et je crois que c'est la chose que nous faisons régulièrement. Nous essayons aussi de répondre aux besoins actuels qui sont urgents», a-t-il détaillé.

Dans le cadre de ces plaidoyers, le directeur national du JRS au Congo a souligné que le plus grand appel qu’ils lancent aux organismes internationaux et aux décideurs politiques, «c’est l’appel à la paix parce que le constat est amer de voir toutes ces personnes vivre dans des conditions inhumaines». Il y a plusieurs implications au niveau local, au niveau national, mais aussi au niveau international, s’est réjoui le congolais Victor Setibo, et «je crois que chacun doit prendre ses responsabilités en regardant d'abord les biens des populations qui souffrent, pour parvenir à la paix et à la réconciliation».

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13 novembre 2024, 12:08