Au Liban, 9 familles sur 10 n’ont pas suffisamment d’argent pour acheter des biens de première nécessité
Jérôme Raymond – Cité du Vatican
Depuis 2019, le Liban est plongé dans une crise socio-économique sans précédent, largement imputée à la corruption et aux défaillances de la classe dirigeante. Selon la Banque Mondiale, 80% de la population libanaise se trouve désormais sous le seuil de la pauvreté. Sévèrement touchées, la plupart des familles n’a eu d’autre choix que de reléguer au second plan les dépenses de santé et d’éducation.
L’enquête de l’UNICEF dresse un tableau dramatique en particulier pour les enfants confrontés à une «situation insoutenable sapant leur moral, endommageant leur santé mentale et menaçant d’anéantir leur espoir d’un avenir meilleur», a déclaré Edouard Beigbeder, le représentant de l’UNICEF au Liban.
De lourdes conséquences pour les familles libanaises
«On voit aujourd’hui que près de neuf familles sur dix n’ont pas assez d’argent pour acheter les produits de première nécessité» alerte Lucille Grosjean, directrice du plaidoyer, des programmes et de la communication à l’UNICEF France. Pour faire face à cette situation, les ménages sont obligés de recourir à des mesures extrêmes. Près de la moitié d’entre eux ont été contraints de vendre des bien familiaux et une majorité a drastiquement baissé les dépenses en matière d’éducation et de santé. Certaines familles n’ont pas eu d’autres choix que d’interrompre « l’éducation de leurs enfants parce qu’elles ne pouvaient plus faire face aux frais d’inscription » explique la porte-parole de l’UNICEF.
Ce qui inquiète davantage l’agence des Nations Unies, est l’émergence du travail des enfants obligés de soutenir leurs parents. «Aujourd’hui plus d’une famille sur dix a été contrainte d’envoyer ses enfants travailler, cela va même jusqu’à une famille sur quatre pour la communauté syrienne» explique Lucille Grosjean. Les enfants libanais qui travaillent exercent souvent des petites taches comme de la manutention «en aidant à transporter des choses dans la rue». D’autres ramassent «des fruits et des légumes» dans les agricultures. Parfois ces enfants sont même contraints de mendier. «C’est du petit travail qui est fatiguant et qui est dans tous les cas inacceptables pour des enfants» souligne la chargée de plaidoyer.
La santé des enfants figure également parmi les menaces que provoque la crise. Si le Liban n’était pas un pays où il y avait des problèmes de malnutrition dans le passé, «on en voit émerger ou en tout cas, nous voyons des régimes alimentaires qui sont de plus en plus pauvres» a-t-elle ajouté.
Une situation qui s’aggrave
Les enquêtes de l’UNICEF au Liban sont réalisées deux fois par ans à travers la consultation de plusieurs centaines voire de milliers de ménages. Lucille Grosjean constate à travers ces études «qu’il y a une vraie dégradation d’une année sur l’autre». «L’année dernière, six familles sur dix avaient réduit leurs dépenses de santé aujourd’hui ce sont les trois quarts des familles» a-t-elle ajouté. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui l’UNICEF appelle à un sursaut. «Il y a une vraie urgence à investir dans l’accès au service essentielles notamment pour les familles les plus pauvres parce que cette dégradation ne fait que s’agrandir».
L’UNICEF s’engage pour aider la population libanaise
L’agence des Nations Unies travaille aux cotés des autorités libanaises afin de protéger au mieux les familles et leurs enfants. Ensemble, ils ont élaboré une «stratégie nationale de protection sociale» qui a été récemment adoptée. L’enjeu actuel de l’UNICEF est de faire en sorte «que cette stratégie se mette en œuvre» explique Lucille Grosjean.
La porte-parole de l’UNICEF France souligne également les nombreuses actions effectuées sur le terrain pour aider les familles les plus vulnérables. «On a aidé 400 000 enfants à accéder à l’éducation en prenant en charge leurs frais d’inscription scolaire» a-t-elle soulignée. Pour agir dans le domaine de la santé, une grande campagne de vaccination a été réalisée et des dons importants d’équipement médicaux ont été faits. Sur les centres de santé des panneaux photovoltaïques et solaires ont été installé afin de limiter les frais d’énergies. «Nous agissons dans tous les domaines que ce soit l’éducation, l’eau, la santé ou même la protection sociale» ajoute Lucille Grosjean qui souligne l’adoption d’une allocation pour les personnes en situation de handicap.
L’aide apportée est précieuse pour les familles libanaises qui sont «les premiers à pâtir de cette large crise financière, économique et sociale au Liban».
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