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Messe du Pape à Budapest: ouvrons les portes dans la lumière de l’Évangile

François a célébré dimanche 30 avril la seule messe de son 41e voyage apostolique en Hongrie, et a délivré une homélie centrée sur le sens de l’accueil. Le Pape s'est intéressé à la métaphore de la porte ouverte, qui permet d’entrer dans «l’enclos» de Jésus et d’en sortir pour répandre la bonne nouvelle et aider la Hongrie à grandir dans la fraternité.

Jean-Charles Putzolu – Cité du Vatican

De la place Lajos Kossuth, où le Danube se laisse percevoir, fleuve le long duquel, les peuples qui y vivent ont appris qu’en construisant des ponts, «il peut unir les peuples du Nord, du Sud, d’Orient et d’Occident». C’est cette image qu’a exposé le cardinal Péter Erdő, à la fin de la messe présidée par le Pape dimanche matin sur cette place qui porte le nom d’un héros de la révolution hongroise de 1848, bordée par le fleuve qui ne divise plus Buda et Pest depuis la construction du premier pont, le pont des chaînes, en 1849, avant que les deux villes ne s’unissent pour n’en faire plus qu’une en 1873. L’archevêque métropolite d’Esztergom-Budapest a chaleureusement remercié le Souverain pontife d’avoir apporté en Hongrie un message de dialogue et de paix, à un peuple qui, au cœur de l’Europe, vit «à la frontière orientale de la chrétienté occidentale».

Les frontières, zones de contact

Ces mots de l’archevêque hongrois ont été repris par François pour souligner que des frontières peuvent représenter des «zones de contact» et non de séparation. C’est, plus tôt, dans son homélie, une autre frontière que le Pape a évoqué: une porte. Une porte ouverte cependant, qui, comme Jésus, accueille et rassemble. Un porte que l’on passe pour entrer dans «l'enclos de la communion du Père», afin de faire l’expérience de sa miséricorde; et que l’on passe dans l’autre sens, pour sortir et répandre l’amour reçu, ce à quoi, «tous, sans exception, nous sommes appelés», pour «sortir de nos conforts et avoir le courage de rejoindre les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile».

«S’il vous plait, ouvrons les portes»

Les portes fermées, en revanche, sont celles des égoïsmes, de l’individualisme, de l’indifférence face à ceux qui sont dans la souffrance et la pauvreté. «S’il vous plait, ouvrons les portes», s’est exclamé François devant 50 000 fidèles venus participer à la célébration. Elles ne peuvent pas rester closes devant ceux qui sont différents ou migrants. «Nous sommes […] envoyés dans le monde pour devenir, avec courage et sans crainte, des hérauts de la Bonne Nouvelle, des témoins de l’amour qui nous a régénérés», en ouvrant la porte à «l’amour mutuel». C’est ce qui permettra au troupeau de brebis égarées que le Christ à fait entrer dans son «enclos», de ressentir «la joie d’être le peuple saint de Dieu». «Aujourd’hui encore, dans toutes les situations de la vie, dans ce que nous portons dans notre cœur, dans nos égarements, dans nos peurs, dans le sentiment de défaite qui nous assaille parfois, dans la prison de la tristesse qui menace de nous enfermer, Il nous appelle. Il vient comme bon Pasteur et nous appelle par notre nom, pour nous dire combien nous sommes précieux à ses yeux», a rappelé le Souverain pontife aux fidèles rassemblés autour de lui à Budapest. Le bon pasteur, a dit François, «sauve ses brebis du péché et de la mort»; il donne «la vie en abondance et la joie sans fin» et «bien que différents les uns des autres et appartenant à des communautés différentes, la grandeur de son amour nous réunisse tous dans une même étreinte».

Cultiver la fraternité

Une étreinte que François a partagée avec les présents: les délégations œcuméniques, juive, les représentants des institutions et le corps diplomatique, pour dire à tous que «l’enclos» du Christ est «inclusif et jamais exclusif». De ce fait, poursuit l’évêque de Rome, «nous sommes tous appelés à cultiver des relations de fraternité et de collaboration, sans nous diviser, sans considérer notre communauté comme un milieu réservé, sans nous laisser prendre par le souci de défendre chacun son espace».

C’est également «aux frères et aux sœurs laïcs, aux catéchistes, aux agents pastoraux, à ceux qui exercent des responsabilités politiques et sociales, à ceux qui vivent simplement leur vie quotidienne, parfois avec difficulté», que s’est adressé le Saint-Père, «soyez des portes ouvertes […] pour aider la Hongrie à grandir dans la fraternité, chemin de paix».

Le bon pasteur

À ses frères évêques, et aux prêtres, le Pape a rappelé que le pasteur doit être une porte toujours ouverte. Un bon pasteur «ne profite pas de son rôle, il n’opprime pas le troupeau qui lui est confié, il ne “vole” pas l’espace à ses frères laïcs, il n’exerce pas une autorité rigide ». Un bon pasteur est un «facilitateur» de la grâce de Dieu, un «expert en proximité», disposé à offrir sa vie, comme l’enseigne Jésus «notre Seigneur et notre tout, nous l’enseigne à bras ouverts depuis la cathèdre de la croix».

La paix pour le continent européen

En prenant congé des fidèles, François a confié tous les hongrois à la Vierge Marie, Magna Domina Hungarorum, invoquée comme Reine et Patronne. «Je voudrais remettre en son cœur la foi et l’avenir de tout le continent européen, auquel j’ai pensé ces jours-ci, et de façon particulière la cause de la paix». Rappelant qu’il avait consacré à Marie «le tout proche peuple ukrainien meurtri, et le peuple russe», François a invoqué l’intercession de la Reine de la paix, afin qu’elle répande «dans le cœur des hommes et des responsables des nations le désir de construire la paix, de donner aux jeunes générations un avenir d’espérance, non de guerre; un avenir plein de berceaux, non de tombes ; un monde de frères, non de murs».

La messe du Pape François à Budapest

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30 avril 2023, 11:00