Le Pape appelle à promouvoir des conditions décentes de travail
Les travaux se déroulent autour de cinq questions que le Pape considère comme d’une importance cruciale pour la société dans son ensemble: le travail décent et les industries extractives, travail décent et de la sécurité alimentaire, le travail décent et la migration, le travail décent et la justice sociale, le travail décent et la juste transition. Pour François, ces cinq aspects sont des défis qui requièrent un engagement renouvelé dont le monde a besoin, un nouveau pacte social qui lie les générations plus âgées et les jeunes générations, «pour la protection de création, la solidarité et la protection mutuelle au sein de la communauté humaine».
Des modèles d'action innovants pour un travail équitable, juste et décent
Les membres qui prennent part à cette réunion de consultation sont des partenaires de l'Organisation internationale du travail, des conférences épiscopales, des congrégations religieuses, des organisations d'inspiration catholique et non catholique, des syndicats et d'autres groupes de base de la société civile, engagés dans le projet «L'avenir du travail: le travail après Laudato si'». François a exprimé sa gratitude au dicastère pour le Service du développement humain intégral pour avoir encouragé ce projet qui, au cours des six dernières années, a porté les participants à mener des réflexions, des dialogues et des recherches, tout en proposant des modèles d'action innovants pour un travail équitable, juste et décent pour toutes les sociétés. Le Pape a aussi remercié la Commission catholique internationale pour les migrations, qui a travaillé à la coordination et à la gestion du projet.
Avec le thème «"Care is work, work is care". Pour construire une communauté de transformation mondiale», va s’opérer le passage à une deuxième phase de ce projet, en employant la méthode du discernement social commun. Le Saint-Père a souligné la nécessité pour le monde actuel de mettre en commun toutes les ressources personnelles et institutionnelles, «afin d'initier une lecture adéquate du contexte social dans lequel nous évoluons, en essayant de saisir le potentiel et, en même temps, de reconnaître à l'avance les maux systémiques qui peuvent devenir des fléaux sociaux».
Évaluer les conséquences de l’industrie extractive sur la santé physique et mentale
Revenant sur les cinq aspects au cœur de cette rencontre, le Pape a souligné l’importance de chacune d’elles. Au sujet du travail décent et des industries extractives, François a évoqué sa mise en garde dans Laudato Si’, au sujet des conséquences néfastes de l'exportation de certaines matières premières dans le seul but de satisfaire les marchés du Nord industrialisé. Il a notamment mentionné la pollution au mercure ou au dioxyde de soufre dans les mines. François rappelle la nécessité de lier les conditions de travail aux impacts environnementaux, «en accordant une attention particulière aux effets possibles sur la santé physique et mentale des personnes concernées, ainsi que sur la sécurité».
Des facteurs aggravant de l’insécurité alimentaire
Parlant du travail décent et de la sécurité alimentaire, le Pape a tout d’abord évoqué le récent rapport sur la crise alimentaire mondiale, qui a révélé qu’en 2023, plus de 280 millions de personnes dans 59 pays et plusieurs territoires souffriraient de niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë, nécessitant une aide d'urgence; sans oublier que les régions déchirées par la guerre, telles que Gaza et le Soudan, «abritent le plus grand nombre de personnes confrontées à la famine». D’autres aspects comme les catastrophes naturelles et les conditions météorologiques extrêmes, intensifiées par le changement climatique, ainsi que des problèmes économiques, sont d'autres facteurs qui aggravent l'insécurité alimentaire. Tout ceci est lié à des vulnérabilités structurelles telles que la pauvreté, la forte dépendance à des importations de denrées alimentaires et la médiocrité des infrastructures, a indiqué le Saint Père.
Les migrants contribuent au développement des pays d’accueil
La troisième question concerne la relation entre le travail décent et la migration. Plusieurs personnes émigrent pour de nombreuses raisons, soit à cause de l’emploi, soit à cause de la violence ou de la pauvreté. En raison des préjugés ou d'informations inexactes ou idéologiques, elles sont considérées comme un problème et un fardeau pour les pays d’accueil, alors qu’en travaillant, «elles contribuent au développement économique et social du pays d'accueil et du pays dont elles sont originaires», a constaté le Pape. Pour François, l’immigration est une aide face au faible taux de natalité des pays riches. Il regretté le fait que «de nombreux migrants et travailleurs vulnérables ne sont toujours pas pleinement intégrés et ne jouissent pas de tous leurs droits; ils sont des citoyens de seconde [catégorie], exclus de l'accès aux services de santé, à l'assistance, aux plans de protection financière et aux services psychosociaux».
Promouvoir un nouveau pacte social
En quatrième lieu, le Saint-Père appelle à mettre l’accent sur la relation entre le travail décent et la justice sociale, dont parlent les encycliques des Papes, mais qui n’est pas acceptée par l’économie libérale et dominante. Cette notion de justice sociale aide pourtant à ne pas creuser davantage les inégalités sociales et les injustices et à protéger les droits fondamentaux des travailleurs, observe-t-il.
La cinquième question dont a parlé le Saint-Père concerne le travail décent lié à la transition juste. «Compte tenu de l'interdépendance entre le travail et l'environnement, il s'agit de repenser les types de travail à promouvoir pour prendre soin de la maison commune, notamment sur la base des sources d'énergie qu'ils requièrent», a proposé François. Le Pape considère que les réponses à ces cinq questions sont susceptibles de promouvoir un engagement renouvelé et un nouveau pacte social.
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