Le Pape encourage l'Église indonésienne à vivre la fraternité et la compassion
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
À 16h30 heure locale ce mercredi 4 septembre, le Pape François s’est entretenu avec les évêques, les prêtres, les diacres, les consacrés, les séminaristes et les catéchistes dans la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Jakarta, la capitale indonésienne. Le Saint-Père a d'abord salué de nombreux Indonésiens à l'entrée de la cathédrale, avant de rejoindre le choeur où l'attendaient environ 400 personnes.
Après plusieurs témoignages, ceux d'un prêtre, d'une religieuse et de deux catéchistes qu'il a chaleureusement remerciés comme ceux qui portent l'Église en avant, le Pape François a voulu revenir sur les trois mots de la devise de cette visite apostolique en Indonésie, «Foi, fraternité, compassion». Ces mots, pour lui, expriment bien le chemin de l’Église indonésienne au cœur d’un peuple «ethniquement et culturellement très divers, mais en même temps caractérisé par une tension innée vers l’unité et la coexistence pacifique».
La création divine aide à croire
Commençant avec la foi, le Pape François a fait un lien avec les richesses naturelles de l’Indonésie comme les ressources énergétiques ou la diversité de la faune et de la flore. Comme il l’a assuré «c’est le Seigneur qui donne tout cela», et cette richesse ne doit pas être un «motif d’orgueil et de suffisance» mais «un rappel de Dieu, de sa présence dans le cosmos et dans nos vies». Regarder la Création divine avec des yeux d’enfants nous aide à croire, a poursuivi le Souverain pontife.
«Différents comme deux gouttes d’eau»
Deuxième mot de la devise: la fraternité. Citant Wislawa Szymborska, poétesse polonaise du XXe siècle et prix Nobel de littérature en 1996, le Pape François a assuré qu’«être frères signifie s’aimer en se reconnaissant “différents comme deux gouttes d’eau“». Car il n’existe pas deux gouttes d’eau semblables, comme il n’existe aucune personne complètement identique à une autre.
Dans le contexte indonésien, cette fraternité prend un sens particulier, a continué François, à travers les multiples réalités culturelles, ethniques, sociales ou religieuses. «Cela est important, parce qu’annoncer l’Évangile ne signifie pas imposer ou opposer sa propre foi à celle des autres, mais donner et partager la joie de la rencontre avec le Christ (cf. 1 P 3, 15-17), toujours avec un grand respect et une affection fraternelle pour chacun», a ainsi insisté le Saint-Père. Il a également mis en garde contre «le grand diviseur, le diable». Il a souligné l'importance de la demande d'une religieuse évoquant la traduction des textes de la Bible mais également des enseignements de l’Église dans les différentes langues indonésiennes, et principalement la langue officielle qu’est le Bahasa Indonesia.
François a aussi repris les paroles d’un catéchiste, Nicholas, qui décrivait sa mission avec l’image d’un «pont» qui unit. Le Pape a salué, dans l’archipel indonésien, «les milliers de “ponts du cœur” qui unissent toutes les îles, et plus encore de millions de ces “ponts” qui unissent toutes les personnes qui y vivent! Voilà une autre belle image de la fraternité: une immense broderie de fils d’amour qui traversent la mer, surmontent les barrières et embrassent toute diversité, faisant de tous “un seul cœur et une seule âme“ (Ac 4, 32)».
La compassion pour redonner espoir
Enfin, le troisième mot est celui de la compassion, qui ne consiste pas à faire l’aumône aux nécessiteux «en les regardant de haut en bas, de la “tour“ de sa propre sécurité», mais au contraire, pour François, il s’agit de «nous rapprocher les uns des autres, en nous dépouillant de tout ce qui nous empêche de nous abaisser pour entrer vraiment en contact avec ceux qui sont à terre, et ainsi les relever et leur redonner espoir».
L’absence de compassion ne peut être une vertu, a rappelé François, malgré les attitudes de ceux qui vantent leur habileté à se tenir à distance de tous. «La compassion n’obscurcit pas la vision réelle de la vie; au contraire, elle nous fait mieux voir les choses, à la lumière de l’amour», a-t-il estimé, ajoutant que «la compassion signifie souffrir, accompagner dans ses sentiments celui qui souffre et l'embrasser, l'accompagner».
Marie, modèle de foi
Le Souverain pontife a enfin conclu son discours par l’image de Marie, présente sur le portail d’entrée de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption: modèle de foi «qui soutient l’Église par son petit “oui“», image de fraternité qui accueille ceux qui entrent dans la cathédrale et enfin icône de compassion «dans sa vigilance et sa protection du peuple de Dieu».
Encourageants les prêtres, religieux et consacrés à poursuivre leur mission, François a cité son prédecesseur, saint Jean-Paul II en visite à Jakarta en 1989, qui invitait le clergé indonésien à témoigner «de la joie de la résurrection [...] afin que même les îles les plus lointaines puissent se “réjouir” en écoutant l’Évangile».
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