Le Pape invite l’Église papouasienne à évangéliser dans l'espérance

Le Pape a réservé samedi 7 septembre son deuxième discours en Papouasie au clergé local, encore jeune et missionnaire dans ce pays où l’Évangile n’est arrivé qu’il y a près de 150 ans. Au sanctuaire de Marie Auxiliatrice, très vénérée en Asie-Océanie, le Souverain pontife argentin a exhorté la jeune Église locale, riche de charismes, à poursuivre l'aventure de l'évangélisation, dans l'audace, la beauté et l'espérance.

Delphine Allaire – À Port Moresby, Papouasie-Nouvelle-Guinée

Accueilli par le premier cardinal local du pays, John Ribat, qu’il a lui-même créé en 2016, le Pape a rencontré les 20 évêques de la conférence épiscopale du pays, couplée à celle des Îles Salomon, ainsi que les prêtres, religieux et religieuses, séminaristes et catéchistes locaux. Au sanctuaire de Marie Auxiliatrice de Port Moresby, propriété salésienne, François s’est arrêté sur l’histoire du lieu.

«Marie Auxiliatrice, selon le titre si cher à saint Jean Bosco; Maria Helpim, comme vous l’invoquez affectueusement ici. Lorsqu’en 1844, la Vierge inspira à Don Bosco la construction d’une église en son honneur à Turin, elle lui fit cette promesse: “Voici ma maison, d’où ma gloire”. Marie lui promit que s’il avait le courage de commencer à construire ce sanctuaire, de grandes grâces s’ensuivraient», a raconté le Pape argentin, ravi de ce centre de rayonnement de l’Évangile, de formation des jeunes et de charité, point de référence pour tant de personnes dans un pays où 40% de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, et où de nombreux enfants marchent dans les rues déchaussés. Le Saint-Père a rappelé avoir été baptisé lui-même par des salésiens. 

 

Le courage des pionniers de la mission

Le Pape a ensuite médité sur trois aspects de la vie chrétienne et missionnaire sur cette jeune et ancestrale terre: le courage de commencer, la beauté d’être là et l’espérance de grandir. Les bâtisseurs de cette église ont commencé leur entreprise en faisant preuve d’un grand acte de foi qui a porté ses fruits, mais qui n’a été possible que grâce aux nombreux autres débuts courageux de ceux qui les ont précédés. «Les missionnaires sont arrivés dans ce pays au début du XIXe siècle et les premiers pas de leur travail n’ont pas été faciles, certaines tentatives ayant même échoué. Mais ils n’ont pas abandonné: avec grande foi et zèle apostolique, ils ont continué à prêcher l’Évangile et à servir leurs frères, recommençant souvent là où ils avaient échoué, avec de nombreux sacrifices», a raconté François, pour qui tout chrétien doit être missionnaire.

Le témoignage solaire des saints et martyrs d’Océanie

Les vitraux de l’église, reflétant une lumière bleu lagon, miroitent les grandes figures spirituelles du pays: Pierre Chanel, Giovanni Mazzucconi et Peter To Rot, martyrs de Nouvelle-Guinée, puis Thérèse de Calcutta, Jean-Paul II, Marie McKillop, Maria Goretti, Laura Vicuña, Zeffirino Namuncurà, François de Sales, Jean Bosco, Marie Dominique Mazzarello.

«Tous ont contribué à porter l’Évangile parmi vous, avec une richesse multicolore de charismes», a relevé François, estimant que précisément leurs «départs et nouveaux départs a fait de nous des instruments de grâce». Le Souverain pontife a pensé en particulier aux périphéries du pays, aux défavorisés des villes, aux habitants des zones reculées et abandonnées, aux marginalisés et blessés moralement ou physiquement «par les préjugés et les superstitions» parfois au risque de leur vie. L’Église locale est en effet très engagée à travers, entre autres, la Caritas dans la lutte contre la sorcellerie et la magie noire visant encore en particulier les femmes de Papouasie. À toutes ces populations vulnérables, François a souhaité apporter la proximité et le réconfort du Christ.

Le Pape a salué les évêques de PNG.
Le Pape a salué les évêques de PNG.

Les graines de beauté et d'espérance fleuriront

Le Souverain pontife a ensuite évoqué la beauté de la foi en cette géographie. «Nous pouvons la voir symbolisée par les coquillages kina dont est orné le chœur de cette église et qui sont un signe de prospérité». Ils rappellent qu’ici, le plus beau trésor aux yeux du Père c’est nous, blottis autour de Jésus, sous le manteau de Marie, a déclaré François, considérant la beauté comme le meilleur moyen de transmettre l’enthousiasme de la mission aux jeunes. «La beauté d’être là n’est donc pas tant vécue lors des grands événements et des moments de réussite, mais plutôt dans la fidélité et l’amour.»

S’appuyant sur l’une «des catéchèses en image» de l’église montrant le passage de la mer Rouge, le Pape a insisté sur l’espérance de grandir. «C’est un signe important, parce qu’il nous encourage aujourd’hui aussi à avoir confiance dans la fécondité de notre apostolat, en continuant à jeter de petites graines de bien dans les sillons du monde.»

Elles semblent minuscules, comme une graine de moutarde, a reconnu François, mais si nous avons confiance et que nous ne cessons pas de les disperser, par la grâce de Dieu, elles germeront, donneront une récolte abondante et produiront des arbres capables d’accueillir les oiseaux du ciel, a-t-il soutenu, invitant chacun «à continuer d’évangéliser, patiemment, sans nous laisser décourager par les difficultés et les incompréhensions, même lorsqu’elles surgissent là où nous aimerions le moins les rencontrer».

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07 septembre 2024, 12:08