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Le cardinal Parolin venu porter le message du Pape aux Marseillais

La journée du cardinal Pietro Parolin dans la cité phocéenne s’est déroulée en trois temps, vendredi 24 juin, dans trois lieux spirituels emblématiques de la ville: la cathédrale Sainte-Marie Majeure, la basilique Notre-Dame de la Garde, et la basilique du Sacré-Cœur sur l’avenue du Prado. Devant les autorités, les fidèles et le clergé, le Secrétaire d’État a insisté au nom du Saint-Père sur l’accueil, la fraternité et la Méditerranée, dont Marseille doit être l’écrin.

Delphine Allaire – Marseille, France

C’est sous la voûte de la discrète «Vieille Major», emblématique de l’art roman provençal, que le cardinal Parolin a commencé sa visite; priant aux côtés de Mgr Aveline pour honorer le tricentenaire du vœu des échevins de Marseille, avant de rejoindre la nouvelle Major. Dans cette imposante cathédrale néo-byzantine, siège du diocèse, le Secrétaire d'État a célébré la messe de cette tradition religieuse vieille de trois siècles. 

Dans son homélie de la solennité du Sacré-Cœur, le cardinal et diplomate italien a insisté sur l’accueil et la fraternité envers son prochain: «Nous devons prendre soin de nos frères les plus isolés et les plus blessés, les sans-abris, les toxico-dépendants, les réfugiés, les populations indigènes, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées, les migrants», a-t-il énuméré, révélant explicitement une «exhortation du Saint-Père à la ville de Marseille». Ainsi apprend-on que le Pape François souhaite que Marseille poursuive «sa généreuse ouverture», qui, au lieu de craindre «la destruction de l’identité locale», est capable de créer «de nouvelles synthèses culturelles».

“Le Pape souhaite que Marseille poursuive sa généreuse ouverture, qui, au lieu de craindre la destruction de l’identité locale, est capable de créer «de nouvelles synthèses culturelles.”

Marseille, porte et horizon de la fraternité

«Comme elles sont belles les villes qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents, et qui font de cette intégration un nouveau facteur de développement! Comme elles sont belles les villes qui, même dans leur architecture, sont remplies d’espaces qui regroupent, mettent en relation et favorisent la reconnaissance de l’autre!», a lancé le cardinal Parolin, citant la première exhortation apostolique de François, Evangelii Gaudium.

Devant un parterre d’autorités politiques et économiques locales, dont l’ancien maire Jean-Claude Gaudin, le Secrétaire d’État s’est réjoui de voir que Marseille chemine vers «cet horizon fraternel», qu’elle porte déjà en elle, en tant que «Porte de l’Orient et Porte de l’Occident, européenne et méditerranéenne à la fois!»

Le cardinal chargé des affaires politiques et diplomatiques du Vatican a ensuite recouru à la parabole de la brebis perdue, évangile du jour, «image du frère qui vit ici à Marseille, ce frère d’une autre culture, d’une autre origine, ce frère dans le besoin, ce frère en humanité», a-t-il relevé, attribuant à l’antique cité la vocation d'incarner «la joie d’un cœur ouvert, qui se donne sans cesse».

La genèse d'une cité bâtie sur l'accueil

Plus tard dans la matinée, en la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, dominant la ville et la Méditerranée, le cardinal Parolin a échangé avec les prêtres, religieux et religieuses, ainsi que les services diocésains locaux. Cette Bonne Mère veillant sur la mer qu’avait visité «en pèlerin» saint Jean-Paul II en 1947 bien avant de devenir Pape.

Devant le clergé, le cardinal Parolin s’est de nouveau fait la voix du Pape François: «Le Saint-Père sait que je suis avec vous aujourd’hui. Il m’a demandé de transmettre à chacun de vous sa bénédiction affectueuse en signe de son union avec nous en cette célébration».

Inspiré par l’historicité du lieu, le Secrétaire d’État a évoqué les origines de la cité fondée par les habitants de Phocée. «Le récit du mariage de la fille du roi celte avec le marin grec venu de loin nous rappelle que la naissance de la ville de Marseille s’inscrit dans la qualité d’un accueil qui n’a pas craint la rencontre de cultures différentes».

“La naissance de la ville de Marseille s’inscrit dans la qualité d’un accueil qui n’a pas craint la rencontre de cultures différentes.”

Un port de départ pour la mission et l'évangélisation

L’accueil de l’étranger, propre aux peuples de la Mare Nostrum, et le riche héritage religieux qui en a découlé a été souligné. «Si nous continuons de scruter la mer, nous voyons arriver ces disciples de Jésus que vous aimez honorer. Ils vous ont apporté la foi dans les tout-débuts du christianisme. Marseille est alors devenue une communauté de martyrs, de saints, de moines, de théologiens. À côté de celui de Lazare, votre saint patron, les noms de saint Victor, de saint Jean Cassien, de plusieurs saints évêques dont Eugène de Mazenod, de la bienheureuse Marie Deluil-Martiny, du bienheureux Jean-Baptiste Fouque, pour ne citer que ceux-là, sont inscrits dans votre histoire et dans les pierres de votre ville», a détaillé le cardinal, considérant Marseille et ses départs de missionnaires pour l’Afrique et l’Asie comme «une base de départ pour l’évangélisation». Marseille la cosmopolite est ainsi faite pour la mission. Une mission faite des différentes vagues successives d’immigration, qui ont contribué, a-t-il assuré, à construire l’identité de la ville.

Synodalité et intériorité

Enfin, en matière de synodalité, le cardinal Parolin a loué les efforts du diocèse depuis plusieurs années, notamment à travers le processus engagé pour la Méditerranée et ses défis, comme espace de résurrection.

Ultime rencontre de la journée, le représentant du Souverain pontife a célébré une messe pour les fidèles en la basilique du Sacré-Cœur, édifiée au lendemain de la Première guerre mondiale. Portant la proximité et la Bénédiction du Pape aux Marseillais, le cardinal a souligné l’actualité de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, appelant les fidèles «à une foi, à un amour et à une intériorité plus radicaux», «à vivre un christianisme profond et pas simplement sociologique».


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25 juin 2022, 13:00