Bicentenaire de la mort du cardinal Consalvi: «Un secrétaire d'État modèle»
Solenne Cortès - Cité du Vatican
Le cardinal Ercole Consalvi a joué un rôle de premier plan dans la diplomatie vaticane. D’abord auditeur de la Rote tribunal de la Curie en 1779, il rentre au service du gouvernement papal en 1783. Après avoir été emprisonné puis exilé sous l’occupation française de Rome en 1798, il devient secrétaire du conclave de Venise, un an après. Sous la protection de l’empereur d’Autriche, prince catholique, ce conclave désigne le cardinal Chiaramonti comme successeur de Pie VI sous le nom de Pie VII. Ce nouveau Pape, ami d'Ercole Consalvi, nomme ce dernier cardinal et secrétaire d’État en 1800. C’est ainsi que le cardinal Consalvi a pu introduire des réformes internes au gouvernement papal destinées à protéger l’autorité temporelle du Pape.
«L’éminence grise» du Pape Pie VII
Il est nommé cardinal et secrétaire d’État du Saint-Siège à une période où l’autorité de l’Église était profondément remise en cause dans ses fondements. Certains prédisaient même sa disparition. Depuis près de dix ans déjà, en France, la Révolution, le Directoire puis l'accesssion au pouvoir de Napoléon contestaient l'autorité papale. Plus encore, Napoléon Bonaparte se révela être un adversaire affirmé du nouveau Pape Pie VII, élu en 1800, s'opposant au pouvoir temporel du Pape. C'est dans ce contecte que le cardinal Ercole Consalvi joue un rôle décisif auprès de Pie VII. Il organise le retour du Pape à Rome et restaure l’autorité papale sur les États pontificaux. Envoyé par le Pape Pie VII au Congrès de Vienne en 1814 et 1815, le cardinal Consalvi affirme le rôle de l’Église au sein du concert des nations européennes.
À propos du cardinal italien, le père Marek Inglot, président du Comité pontifical des sciences historiques, affirme que son «engagement ecclésial et diplomatique d’une grande envergure politique et d’une rare finesse stratégique a fait de sa figure une icône-modèle du secrétaire d’État–secrétaire d’État par excellence, capable de défendre les raisons de la doctrine et de l’adapter aux contingences de l’époque». Il poursuit en le qualifiant de «serviteur infatigable de l’Église universelle et du successeur de Pierre». Il cite enfin ses dernières paroles sur son lit de mort: «Je suis tranquille», ce qui ne manque pas d’étonner lorsque l’on connait l’époque troublée à laquelle le cardinal a vécu.
Salué comme un adepte de la realpolitik, le cardinal Ercole Consalvi «a su exprimer et incarner la théologie politique de l’époque, qui, suivant l’approche paulinienne selon laquelle tout pouvoir vient d’en haut, ne se préoccupait plus de la légitimité en termes dynastiques ou de droit, mais avec un réalisme extrême, entrait dans les interlocutions avec ceux qui détenaient effectivement le pouvoir» selon l'actuel secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, qui s'est exprimait lors d'un colloque à Rome lundi 22 janvier. Il remarque pour sa part la radicale modernité de son lointain prédecesseur et loue «sa capacité d’acceptation du monde façonné par la Révolution française pour ce qu’il est, et non pas d’un vain et anti-historique effort visant à faire disparaître ce monde de toutes les manières possibles».
Une figure inspirante encore aujourd’hui
Le secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales, Mgr Gallagher, s’est arrêté également, le 18 janvier, sur le rôle clé assumé par le cardinal Consalvi dans l’ère post-napoléonienne et pendant le Congrès de Vienne de 1814-1815, où il fut dit-il «une figure brillante dans son service à l’Eglise».
Malgré les 200 ans qui nous sépare du cardinal, celui-ci restera toujours une figure inspirante pour l’Eglise selon Mgr Gallagher. Il relève l’opiniâtreté de Consalvi face aux difficultés complexes de son époque et sa fidélité constante à toujours servir l’intérêt du Pape. Il est «une figure vraiment fascinante», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse en marge de la conférence. Mgr Gallagher a également souligné le fait qu’il a «accompli beaucoup de choses pour l’Eglise en relativement peu d’années» ainsi que son «ouverture à la négociation». De cette manière, pour Mgr Gallagher, le cardinal Consalvi reste un exemple pour les actuels hommes d’Eglise, même si les enjeux ne sont plus les mêmes. Le corps du cardinal Consalvi est enseveli à l’église San Marcello al Corso à Rome tandis que son cœur repose au Panthéon, près de la tombe du peintre Raphaël.
Un documentaire intitulée «Ercole Consalvi - Le Sens de l'Histoire» réalisé par Olivier Besse pour KTO a été diffusé lors du colloque consacré à ce «modèle de la realpolitik du Saint-Siège».
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