Synode: une proposition d'assemblée méditerranéenne à l'écoute des migrants
Antonella Palermo et Roberto Paglialonga - Cité du Vatican
Les «lieux de synodalité» ne sont pas les lieux protégés ou institutionnels, mais les «carrefours venteux où souffle l'Esprit». C'est pourquoi - a-t-on appris ce jeudi midi lors du point presse des journalistes à la salle de presse du Saint-Siège - «une assemblée ecclésiale de la Méditerranée a été proposée lors de l'Assemblée pour écouter les voix des migrants». L'assemblée a exprimé sa gratitude pour ce que les Églises font pour les accueillir et pour les structures qui travaillent en réseau dans cette zone de proximité.
Attention aux personnes handicapées et aux étudiants de différentes religions
Ce jeudi matin, 346 personnes étaient présentes dans l'Assemblée ; les interventions libres se sont poursuivies sur les thèmes 2 et 3 de l'Instrumentum Laboris. La relance du rôle des paroisses, l'implication plus directe des jeunes et une véritable attention aux personnes handicapées avec la création d'un conseil ad hoc ont été demandées. «Sans la reconfiguration des paroisses en réseaux ou en petites communautés de contiguïté, la synodalité se ralentit et risque de devenir un élément centralisateur», a rapporté Sheila Pires, secrétaire de la Commission pour l'information sur le Synode.
D'autres questions ont été abordées: celle des «réseaux virtuels», comme Talitha Kum (réseau contre la traite humaine ndlr) et la manière de les relier aux conférences épiscopales ; la proposition d'une plate-forme commune pour les étudiants de différentes religions qui fréquentent les écoles catholiques. D'ailleurs, ce sont précisément les étudiants qui seront impliqués dans le déroulement du Synode lorsque, demain 18 octobre, les cardinaux Jean-Claude Hollerich et Mario Grech, Sœur Leticia Salazar et Mgr Daniel Flores se rendront disponibles pour une rencontre avec des étudiants universitaires sur les thèmes débattus en assemblée.
Plus de liens entre la Curie romaine et les communautés locales
Le préfet Paolo Ruffini a fait état de l'importance accordée à la mission des religieux et religieuses, fondamentale pour le service dans les lieux de grande souffrance et de détresse ou d'éducation. Sur la question cruciale du rapport entre synodalité et primauté, la substance de ce qui a déjà été partagé dans les forums d'hier, ouverts au public, a été rappelée. «Nous avons besoin de concret», a ajouté Paolo Ruffini, «et il est surprenant que tant d'années après le Concile Vatican II, le statut théologique des Conférences épiscopales ne soit pas encore clair». Il a ensuite présenté la proposition de la Curie romaine de consulter davantage les Églises locales lors de la préparation des documents. Les personnes travaillant dans les dicastères ont également été invitées à se rendre plus souvent dans les petites communautés et dans les différents diocèses, afin de se rendre compte sur place du travail accompli.
Construire des relations fraternelles ne va pas de soi
Le vrai renouveau de l'Église, c'est d'imiter Jésus qui est allé vers les gens. C'est donc l'Église qui doit faire de même, elle doit se déplacer, sans attendre que les églises soient remplies. C'est ce qu'a déclaré Sœur Samuela Maria Rigon, supérieure générale des Sœurs de Notre-Dame des Douleurs (Italie), lors de son intervention, la première de la réunion d'information d'aujourd'hui. Elle a indiqué que l'une des expériences qui l'avait le plus frappée au sujet de l'assemblée synodale de cette année était son universalité. «On peut entrer en contact avec des réalités du monde dont personne ne parle et avec différentes vocations, fonctions et rôles dans l'Église», a-t-elle déclaré, notant qu'un quart des participants sont des laïcs, des jeunes et des religieux et que tous ont la possibilité de s'exprimer. C'est un pas très important, bien qu'il y ait aussi des tensions sur des positions différentes concernant des questions spécifiques, mais, a-t-elle souligné, «il ne s'agit pas d'une polarisation mais de polarités multiples. Peut-être n'avons-nous pas l'habitude d'habiter des polarités, comme par exemple homme/femme». La religieuse a souligné la nécessité de revenir à la dimension printanière de l'Église: construire des relations fraternelles. «Il n'est pas acquis que nous soyons capables de gérer des relations».
Le synode dans l'Église asiatique, un parcours satisfaisant
Le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun (Birmanie), président de la Fédération des Conférences épiscopales d'Asie (F.A.B.C.) et membre du Conseil ordinaire, a été chargé de dresser un bref tableau des effets du parcours synodal en Asie, qui a coïncidé en partie avec l'organisation du récent voyage du Pape sur ce continent. Le renouveau de l'Église asiatique est tangible à plusieurs égards: de la plus grande implication des jeunes dans l'évangélisation numérique à l'utilisation plus prononcée de la créativité dans le travail pastoral, en passant par un cléricalisme que l'on cherche à dépasser malgré des formes de résistance de la part de certains évêques qui «ont peur de perdre l'autorité et les privilèges». La question concerne également le fait que «les changements sont parfois perçus comme quelque chose d'imposé de l'extérieur». Il y a aussi le problème de l'harmonisation des différentes cultures, de la nécessité d'augmenter les ressources, d'une évangélisation qui doit faire face à de très longues distances géographiques, des femmes pour lesquelles il est vraiment difficile d'assumer des rôles de leadership, également à cause de l'influence de certaines affiliations religieuses. Malgré les grands défis, la F.A.B.C. peut néanmoins être satisfaite, dit le cardinal, parce que «l'Église en Asie veut écouter tout le monde, et le synode actuel est un pas très important dans cette direction».
Besoin de changement dans l'Église, y compris dans les structures
«Le monde d'aujourd'hui a besoin d'écoute», a déclaré le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec (Canada), une faculté que «nous devions découvrir», notamment «pour mieux écouter ceux qui sont différents de nous», dans un monde, a-t-il noté, où «seuls les armes et les bombardements sont utilisés comme solutions aux problèmes». «Nous avions besoin de nous asseoir ensemble, non pas comme on le fait dans une entreprise, mais pour écouter l'Esprit, en cherchant non pas tant des résultats, mais les fruits du Royaume de Dieu». L'espoir exprimé par Mgr Pedro Carlos Cipollini, évêque de Santo André (Brésil), est qu'un changement émerge néanmoins du synode, il parle de conversion, qu'il identifie dans une triple direction : dans la manière d'exercer la mission, à travers les médias, par exemple ; dans la manière de concevoir les structures ; dans la manière d'approfondir la vie spirituelle.
Adapter le langage à nos contemporains
La décentralisation entre Rome et les Conférences épiscopales, et la relation entre le temps de l'écoute et la mise en œuvre des changements, a ensuite été abordée dans l'espace des questions. Le thème de l'octroi de pouvoirs accrus aux Églises locales «n'est pas né aujourd'hui», a expliqué le préfet Ruffini, «mais il fait l'objet d'une longue réflexion dans l'histoire de l'Église, au moins depuis le Concile Vatican II. Il est normal qu'il y ait, et il y a eu ces jours-ci, des interventions également différentes et pas toutes en accord: il faut de la patience». L'essentiel, a ajouté Sœur Rigon, «c'est de se reconnaître dans la même doctrine et de croire tous en un Dieu unique et trin, alors il est naturel qu'aujourd'hui nous soyons appelés à adapter le langage et les manières au lieu et au temps dans lesquels nous vivons». Sur le point spécifique concernant certains organes collégiaux, comme la possibilité de rendre les conseils pastoraux obligatoires dans les paroisses, «nous connaissons certainement de bonnes tensions - comme la tension artérielle sans laquelle on ne peut vivre - des positions différentes qui tèmoignent de la vitalité de l'Église», a déclaré le cardinal Lacroix, «nous sommes donc appelés à avoir une attitude d'ouverture mutuelle». En ce qui concerne l'amélioration des relations entre les dicastères de la Curie romaine et les conférences épiscopales et les diocèses, il a ajouté qu'«il y a encore du chemin à faire ensemble, mais des pas en avant ont été faits».
Vers un ministère de l'écoute ?
Quelqu'un a également évoqué la possibilité de créer un ministère spécifique de l'écoute, «mais là aussi, a dit Paolo Ruffini, il y a des réflexions ouvertes et nous attendons les rapports des cercles. Il y a ceux qui voudraient un ministère, et ceux qui voudraient un service, mais le charisme de l'écoute ne sera naturellement jamais l'apanage de quelques-uns». Ce synode, lui a fait écho le cardinal Bo, est «différent parce qu'il s'agit vraiment d'un processus, et mon espoir est qu'une fois le travail terminé, chaque évêque puisse penser à ouvrir un synode diocésain chez lui pour continuer ce qui a été commencé». «À mon avis, a déclaré Mgr Cipollini, évêque de Saint André (Brésil), la conversion est lente parce qu'elle est liée à la liberté de chaque personne, et elle prend du temps parce qu'il s'agit d'un dialogue avec Dieu. Aujourd'hui, nous sommes dans une société où tout le monde veut parler, mais personne n'écoute plus».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici